Lors du dernier groupe de parole « OPAR’lons Psychologie Positive » que j’ai animé à la Maison des Ainés et des Aidants de Rennes, nous nous sommes penchées (nous étions un groupe de femmes, de mamans) sur ce thème « comment cultiver une relation positive avec son enfant devenu adulte ? ».
Pendant environ vingt ans, notre rôle de parent a mobilisé/mobilise toute notre énergie avec tous les enjeux que cela suppose. Parfois, le départ des enfants de la maison (du « nid ») peut être difficile à vivre et susciter des sentiments de perte d’identité, d’inutilité, de nostalgie du temps où nous étions « indispensables ». Malgré l’impression de liberté retrouvée, de soulagement parfois, lâcher notre statut de parent peut créer un vide et une nouvelle relation est à inventer avec nos enfants devenus adultes. Parallèlement, lorsque nos enfants devenus de jeunes adultes restent à la maison pour quelque raison que ce soit, les relations ne sont pas toujours fluides bien au contraire !
Comme le dit – si justement je trouve- Sylvie Galland auteure de « la relation entre les adultes et leurs parents » : « La séparation nous fait perdre l’illusion que nous pourrons éternellement protéger nos enfants. Les laisser partir, les laisser devenir sans nous ce qu’ils veulent et peuvent être c’est perdre un prolongement de nous-mêmes, c’est accepter que ce que nous avons pu apporter était imparfait. Nos enfants s’en vont avec des manques, des blessures, des incompétences dont nous nous sentons en partie responsables et que nous ne pouvons pas réparer. De là chez certains parents le désir de poursuivre l’oeuvre. Ils tentent de la parachever en offrant des conseils, de l’aide… Le sentiment de responsabilité demeure : besoin de s’assurer de la sécurité de ses enfants. » Source Sylvie Galland
En analyse transactionnelle, nous parlons de parent nourricier et de parent normatif.
Le parent nourricier est « généreux, offre, autorise, satisfait les besoins réels. Il prend soin, il soutient, aide et réconforte. Il valorise, il donne la permission d’exister, de sentir, de penser, de réussir et d’être soi-même. côté aspects négatifs, il aurait tendance à faire à la place de l’autre, à savoir pour l’autre, à prendre en charge, à trop protéger, à minimiser les capacités d’autonomie. Voire à envahir…«
Le parent normatif « protège aussi en donnant des repères, des valeurs morales et vitales, des indications sur la façon de se conduire dans le monde, des règles, des lois, des directives, une structure. Côté négatif : il a un côté critique trop présent et provoque la dévalorisation, la culpabilisation et l’humiliation. Les repères sont parfois flous et contradictoires, il n’y a pas de limites claires.«
Je pense ce sont ces fonctions de parent nourricier ou de parent normatif qu’il est nécessaire d’abandonner envers nos enfants devenus adultes. Ainsi, cela les aide à sortir de la position d’enfants soumis ou d’enfants rebelles, ces fameux jeux psychologiques qui se mettent en place au fil des années. Ils sont devenus adultes, il n’est plus temps de leur transmettre des valeurs ou des impératifs, c’est fait depuis longtemps et ils les connaissent ! On a semé des graines pendant toutes ces années, laissons-leur de la place et la lumière pour pousser…
« Ne t’inquiète pas si tes enfants ne t’écoutent pas… ils t’observent toute la journée ».
proverbe
En conclusion, je vous propose
6 clés pour cultiver une relation positive avec son enfant devenu adulte
Clé n°1 : Développer votre asservité. Quel sera l’effet des mots que vous avez envie de dire ? Est-ce vraiment utile, ou est-ce juste un moyen pour vous de conserver votre autorité et votre pouvoir au sein de la relation ? Écoutons d’abord. Parlons ensuite comme si nous parlions à un(e) ami(e).
Clé n°2 : Accepter que nous ne sommes plus au centre. Le besoin de retrouver une place centrale peut nous pousser en tant que parent à donner des conseils non demandés, voire à critiquer ou à ne pas prendre en compte les choix de vie de notre enfant devenu adulte.
Clé n°3 : Apprivoiser ses propres émotions/pulsions (…pour renvoyer une image d’adulte)
Clé n°4 : Apprendre à dire non
Clé n°5 : Lâcher prise sur les rôles parents normatifs/parents nourriciers
Clé n°6 : Parler de notre enfance
Quelle clé vous semble la plus facile à mettre en oeuvre ? La plus difficile ? En quoi est-ce difficile ? Que pouvez-vous changer pour faire évoluer vos liens positivement ? J’ai hâte de découvrir vos réponses…
Au plaisir d’avoir de vos nouvelles, je reste à votre écoute,
Bien chaleureusement,